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Publié le par Max

Ces combats de rue qui parasitent le football

Des bagarres organisées entre supporteurs radicaux mobilisent les clubs de football et la police, sur le qui-vive.
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Le foot n'est ici qu'un prétexte. Avant une journée de championnat, deux groupes de supporteurs prennent rendez-vous par téléphone ou sur Internet. Puis, en ville, à quelques mètres du stade parfois, ils échangent des coups. Le combat ne dure qu'une poignée de secondes, le temps d'afficher sa supériorité, puis tout le monde se disperse. On appelle ça un fight.

Selon le ministère de l'Intérieur, quinze rendez-vous de ce type ont été pris, l'an dernier, par des supporters. Les Renseignements généraux ont pu en empêcher quelques-uns. « Les rivalités ont toujours existé. Quelques claques s'échangeaient au coin d'une rue, le jour du match, raconte Michel Lepoix, chargé du football au ministère. Mais là, on a une réelle volonté de se battre, de démontrer à l'autre qui est le plus fort avec de vrais rendez-vous fixés en amont.»Stéphane, 26 ans, est fonctionnaire. Le week-end, ce supporteur ultra soutient un club du Nord. Depuis six ans, il prend aussi part à ces « joutes », pour « une question d'adrénaline».Il parle volontiers de « championnat parallèle » auquel se livrent des supporters radicaux. « Parfois, c'est l'occasion qui fait le larron », concède t-il. « Mais attention, rien à voir avec le hooliganisme. Dans ces bagarres, on se fixe des limites. Pas question de frapper à tout va, de s'acharner sur un type à terre.» Pour lui,  « on est loin du sans foi ni loi qui existe parfois à l'étranger ».
Mais des vidéos circulent sur Internet. Et, selon Michel Lepoix, « cela peut être parfois virulent, sachant que les leaders de ces manifestations ne maîtrisent jamais leurs troupes à 100%. On n'est jamais à l'abri d'un coup mal porté. Et donc d'un mort »

Paris, Nice, Sedan, Nancy...

Le souci du gouvernement est d'éviter la propagation du phénomène. Jusque-là, il est « plus sensible » à Paris, à Nice ou dans le Nord-Est. Nancy - où un fight a été démantelé l'an dernier- compterait pas mal d'adeptes. Le club de Sedan, lui, est cité dans le tiers des rendez-vous recensés cette année. Aujourd'hui descendu en deuxième division, il pourrait donner des idées à l'étage inférieur. « À ce petit jeu, tout le monde peut participer », regrette Michel Lepoix.
Ces fights pourraient même opposer des supporters dont les deux équipes ne jouent pas dans la même division. Le commandant de police, Raymond Richardt, posté à Metz, fait partie de la centaine de « correspondants hooligans » dépêchés dans chaque département. La saison passée, il a eu vent d'une « rumeur » inquiétante. « Des supporters non déclarés et minoritaires du FC Metz, alors en Ligue 2, auraient cherché à monter en région parisienne pour y affronter un autre groupe radical du PSG», raconte le policier. « Difficile à dire si la rencontre s'est réellement tenue », déplore le commandant Richardt. Ces bagarres peuvent très bien échapper à l'oeil des autorités.
Pas question, à Metz, de relâcher la vigilance. En match de pré-saison, l'équipe locale devait jouer contre Bruxelles. « Des types pas nets ont fait le déplacement. La police belge avait intercepté de curieux messages sur Internet et nous avait mis au parfum », explique le commandant Richardt. Là encore, un fight a-t-il eu lieu? Le doute suffit à entretenir la prudence. Le gouvernement craint la saison européenne. Michel Lepoix frémit: « Cette année, 54 pays joueront la coupe d'Europe. Les fighters potentiels, parfois très violents, peuvent venir de partout. »

Maxime DEBS.
(Paru dans Ouest-France, pages Informations générales, le 6 septembre 2007)

 

 

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