Société - LE sujet de prédilection

Publié le par Max

Le linge à l’étude
 
A Toulouse, 110 000 étudiants se côtoient. En dehors des bancs de l’université, ils se retrouvent aussi à laver leur linge en communauté. Un exercice pas toujours évident.
 
Photo: Flickr.
lavomatic.jpgTOULOUSE.- Dimanche soir, 19 heures, près de Saint-Aubin à Toulouse. Les trottoirs déserts contrastent avec la petite cohue observée à l’angle de la rue Bachelier. Phénomène intriguant que ce va-et-vient de jeunes chargés de sacs gros comme des ballons de baudruche qui suivent tous le même itinéraire. Pour les étudiants du quartier, le rituel du lavomatic est plus que jamais ancré. La lessive fait partie du quotidien de bon nombre d’entre eux échoués, parfois malgré eux, dans une ville à mille lieues de leurs domiciles d’origine.
 
Le linge sans maman
 
Venu du Maroc pour ses cours d’économie, Othlaf, déjà essoré par ses révisions, ne déroge pas à la corvée de lessive. « Il faut bien s’y mettre » marmonne le jeune homme inscrit à l’Université Paul Sabatier. « De toute façon, j’avais plus un caleçon de propre » lance t-il comme pour signifier une sorte d’ultimatum auquel il ne peut couper.
Avec un brin de nostalgie, il reconnaît qu’« avec la machine à laver à la maison, maman qui faisait tout sans rien demander, c’était bien pratique ».
 
Bertrand, jeune ingénieur en herbe, acquiesce en hochant la tête. Lui revient tout juste d’un week-end d’intégration et découvre la pratique de la lessive en solitaire « loin des parents ». Originaire de Limoges, à quatre heures de là, il ne peut s’autoriser une halte par la case maison pour laver son linge sale en famille. A distance, sa mère le guide donc par téléphone. Il lui demande de répéter. On ne sait jamais. « C’est que c’est la première fois que j’mets les pieds dans une laverie » confesse le jeune Bertrand, les yeux figés sur la machine qui passe déjà en mode essorage. « La question, c’est de savoir si mes fringues qui étaient déjà bien crades avant, ne vont pas l’être encore plus en sortant ». Dans l’attente du résultat, il décide, angoissé de se rouler une petite cigarette et se replonge dans l’exercice de maths qu’il s’attelle à résoudre le temps du lavage.
 
« La galère »
 
A ses côtés, dépitée, Aman ne s’est pas suffisamment méfiée. Le syndrome du pull blanc devenu rose a décidé, ce soir, de s’abattre sur elle. Sa copine Patricia, 21 ans, sombre dans un fatalisme amusé. « De toute façon, c’est la galère » lâche t-elle, un sourire aux lèvres. Pour cette dernière, le calvaire commence bien en amont. Le dos encombré, avec ses trois étages à descendre et les 500 mètres à crapahuter à pied depuis son studio, « ce n’est pas toujours l’idéal ». A tel point, qu’elle doit souvent se résoudre à entraîner avec elle, quelques amis pour lui venir en aide. Aujourd’hui, ils sont trois à l’avoir accompagnée.
 
L’un d’eux se serait bien vu investir dans une machine toute neuve comme il en a décelé à 150 euros dans une grande surface. Le manque de place dans son appartement lui a fait abandonner l’idée. Othlaf, entre ses         T-shirts reste attentif à la conversation. Il s’interroge sur la réelle nécessité de s’encombrer d’un tel outil. « Ce serait bête d’acheter une machine pour le temps des études uniquement », assure celui qui semble s’accommoder de la situation en partageant les frais de lessive de vingt euros par mois avec son colocataire. Ce qui, son ballotin sous le bras, l’amène à relativiser : « Le lavomatic, ça prend deux heures, c’est chiant, mais bon, au fond, ça ne dure que quatre ans !»
Maxime DEBS.

(Dédicace à ceux qui connaissent mon penchant pour le sujet. INVESTIGATION menée en octobre 2005 pour l'EJT)

Publié dans Articles "Divers"

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article